L’Alliance ONG demande la compensation du renchérissement

de: Salome Schaerer

Alors que le salaire nominal a augmenté de plus de 5% en Suisse au cours de ces sept dernières années, les salaires de la branche des ONG d’utilité publique stagnent. Depuis 2015, les ONG enregistrent une perte de salaire réel de 3,4%, comme le montre l’étude sur la situation salariale dans les organisations non gouvernementales réalisée en 2022 par le bureau BASS sur mandat du syndicat SSP-ONG. Il est donc urgent de prendre en compte le renchérissement élevé actuel de 3-5% dans les contrats de prestations avec les ONG d’utilité publique.

Définition du terme ONG: Organisations non gouvernementales et organisations à but non lucratif d’utilité publique et exonérées d’impôts SSP-ONG

Le renchérissement élevé pose des problèmes à de nombreuses ONG, notamment parce que les responsables publics dans les communes, les villes, les cantons et la Confédération ne compensent pas ou pas entièrement le renchérissement dans les contrats de prestations prévus pour 2023. Les salaires de nos collaborateurs-trices continueront par conséquent à baisser, bien que les coûts de l'énergie et de l'assurance maladie augmentent drastiquement. La pression sur les prix est déjà élevée. Une nouvelle détérioration des conditions de travail ne nuirait pas seulement à nos collaborateurs-trices, elle nuirait aussi à la qualité de nos prestations et donc aux groupes cibles. C'est contre cela que nous souhaitons agir.

Les négociations sur la compensation du renchérissement avec les communes, les villes, les cantons ou la Confédération nous ont incité‑e‑s à nous adresser aux responsables par le biais d'une lettre ouverte. L'Alliance ONG, composée de plus de 35 organisations non gouvernementales de toute la Suisse et actives dans différents domaines sociaux, demande que la compensation du renchérissement soit également versée aux ONG prestataires, a fortiori dans un contexte de hausse des prix et de dégradation des conditions de travail.

Le texte de la lettre ouverte (le PDF à télécharger se trouve ci-dessous) :

Nous faisons partie du service public: l'alliance des ONG demande une compensation du renchérissement

Mesdames et Messieurs


Les organisations non gouvernementales (ONG) fournissent, sur mandat des pouvoirs publics, une grande partie des prestations dans le domaine social. Alors que les employé.e.s du secteur public peuvent s’attendre à une compensation du renchérissement, la rétribution des prestations des ONG ne tient jusqu'à présent que peu ou pas du tout compte du renchérissement, selon les cantons. Il en résulte une détérioration des condi-tions de travail dans les ONG prestataires et une baisse de la qualité des prestations. L'Alliance des ONG demande une compensation complète du renchérissement sur la rétribution des prestations par les pouvoirs publics.

Sur mandat de la société
Les ONG fournissent des prestations d'importance systémique sur mandat de la société : elles prennent en charge des personnes souffrant de handicaps physiques ou psychiques, s'occupent d'enfants et jeunes ou de personnes âgées et malades, soutiennent l'inclusion de personnes réfugiées ou handicapées, prennent en charge des personnes touchées par la pauvreté, offrent une protection aux victimes de violence ou aident les demandeur.euse.s d'emploi à réinsérer le marché du travail. Sur mandat des communes, des cantons ou de la Confédération, les ONG veillent à ce qu'aucune personne ne « passe entre les mailles du filet » dans la société. Les collaborateur.rice.s des ONG sont parallèlement confrontés à des conditions de travail de plus en plus difficiles, ils souffrent de stress et les absences pour cause de maladie augmentent.

Augmentation du coût de la vie et perte du pouvoir d'achat
Le fort renchérissement actuel et l'augmentation simultanée des coûts de l'énergie et de l'assurance maladie dans toute la Suisse exigent également une adaptation urgente des salaires de 4 à 5% dans le secteur des ONG. L'étude salariale (2022) réalisée par le bureau BASS à la demande du SSP-ONG montre que : dans le secteur des ONG, les salaires n'ont guère évolué depuis la dernière étude salariale (2015). Par rapport à l'économie globale en croissance, les salaires réels ont même baissé. De plus, les risques se sont déplacés au détriment des ONG. Cela apparaît clairement dans le cas de la compensation du renchérissement, qui n'est pas ou pas entièrement remboursée par les mandants.

Le manque de réserves et le principe d'utilité publique
Pour être reconnue comme organisation d'utilité publique, aucune activité à but lucratif ne doit être exercée. La forte dépendance au financement public impose aux ONG des marges de manoeuvre limitées et elles ne peuvent que peu ou pas constituer de réserves pour les périodes de crise ou les plans sociaux. Les contrats de prestations s'étendent généralement sur plusieurs années et le financement, le volume et le contenu des prestations doivent souvent être renégociés chaque année. Le risque financier se répercute sur les ONG et une incertitude permanente est maintenue. En raison de la pression politique constante sur les prestations sociales, les tarifs sont calculés au plus juste et couvrent rarement les coûts. La pression sur les prix entraîne une baisse de la qualité du travail, et il existe le risque que les missions ne puissent pas être exécutées comme souhaité- ce qui porte préjudice au groupe cible. Les salaires dans le secteur sont bas par rapport à ceux du secteur public et le besoin d’agir est conséquent. Le renchérissement et l'augmentation des prix de l'énergie constitueront un défi et parfois une charge insurmontable pour de nombreuses ONG. C'est pourquoi il est impératif que le renchérissement soit également pris en compte dans les conventions de prestations et ré-percuté sur les ONG.

Revendications :

  1. Renchérissement : dans les contrats de prestations avec les ONG, le renchérissement de 3 à 5 % doit être indemnisé. Il ne doit pas y avoir de double standard pour les employé.e.s du public et du privé, qui font tous partie de facto du service public.
  2. Évolution des salaires: après des années de stagnation, une évolution des salaires dans le secteur des ONG à but non lucratif est nécessaire et urgent, car c'est le seul moyen d'éviter la perte du pouvoir d'achat et de couvrir les coûts de la vie.
  3. Procédures d‘adjudication: les mandants des pouvoirs publics (communes, cantons, Confédération) veillent à ce que les ONG prises en compte dans les contrats de prestations offrent de bonnes condi-tions de travail et que celles-ci ne se détériorent pas en raison de la pression sur les prix et de la concurrence.
  4. Responsabilité sociale: les pouvoirs publics (communes, cantons, Confédération) considèrent les bonnes conditions de travail, la durabilité et la qualité des services comme les critères les plus im-portants lors des procédures d’adjudication.

Nous savons qu'un grand nombre d'ONG se trouvent dans la situation décrite ci-dessus. Le feedback clair montre que le besoin est grand. Nous exhortons les responsables des contrats de prestations au niveau com-munal, cantonal et national à soutenir ces revendications et à promouvoir un débat politique à ce sujet.


Lettre ouverte Alliance ONG
22.11.2022 Lettre ouverte: l'alliance des ONG demande une compensation du renchérissement PDF (195,8 kB)
22.11.2022 Lettera aperta: l'Alleanza delle ONG chiede un adeguamento del costo della vita PDF (172,9 kB)
22.11.2022 Offener Brief: NGO-Allianz fordert Teuerungsausgleich PDF (180,6 kB)